Le Mali vient d’abriter les travaux du Forum régional sur les prévisions saisonnières en Afrique de l’Ouest et au Sahel. L’événement, dont la clôture s’est déroulée hier vendredi 25 avril 2025, était placé sous la présidence du Ministre des Transports et des Infrastructures, Madame DEMBÉLÉ Madina SISSOKO.
Ce Forum est organisé par le Centre climatique régional Afrique l’Ouest et du Sahel, en partenariat avec l’Agence nationale de la Météorologie du Mali, le Centre africain pour les applications de la Météorologie au Développement et les organismes des bassins.
Ce rendez-vous annuel a regroupé durant 5 jours à Bamako des météorologues, hydrologues et agronomes venus de 17 pays de la sous-région. Les débats au cours de ce forum ont permis de fournir les prévisions de la saison des pluies dans les pays des zones sahélienne et soudanienne de l’Afrique de l’Ouest et du sahel, au titre de l’année 2025.
Les résultats des prévisions annoncent une saison des pluies globalement humide en 2025. Les dates de démarrage seront précoces à normales sur la bande sahélienne et normales à tardives dans la zone soudanienne Centre, donc des similitudes avec la saison pluviale de 2024.
La Synthèses des prévisions recoupe des analyses qui ont permis d’établir ces dites prévisions élaborées sur la base d’analyses de la situation actuelle, des évolutions probables des Températures de Surfaces des Océans (TSO), des modèles statistiques issus des données des SMHN, des connaissances des experts sur les caractéristiques du climat dans la région et des prévisions des grands centres climatiques mondiaux par rapport aux valeurs moyennes de chaque paramètre clé de la saison agricole sur la période de référence 1991-2020.
Ainsi des cumuls pluviométriques moyens à supérieurs sont attendus d’une part sur les périodes Mai- Juin-Juillet et Juin-Juillet-Août 2025 sur presque toute la bande sahélienne, allant du Sénégal au Tchad et sur les parties littorales du Libéria. Les cumuls seraient inférieurs aux moyennes dans la partie Sud du Sénégal, en Gambie, dans le Nord de la Guinée et sur les parties littorales du Nigéria, Benin, Togo et Ghana. Ailleurs, les cumuls pluviométriques seraient proches de la normale climatologique, sur ces périodes et d’autre part des cumuls pluviométriques supérieurs aux moyennes de la période de référence qui sont attendus en Juillet-Août-Septembre 2025, dans les bandes agricoles du Tchad, du Niger, du Mali, de la Mauritanie, au Burkina Faso, en Gambie, en Guinée Bissau et dans les parties Nord de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigéria. Les cumuls seraient toutefois moyens à inférieurs aux moyennes, sur cette deuxième moitié de la saison agricole, au Sénégal et dans les parties littorales du Ghana, du Togo, du Benin et du Nigeria. Ailleurs, les cumuls pluviométriques seraient proches de la moyenne climatologique.
Concernant les dates de début de saison précoces à normales ; elles sont prévues sur la bande sahélienne couvrant le Centre-sud du Tchad, la bande agricole du Niger (excepté l’extrême Sud-Ouest), les parties extrêmes Nord du Nigeria et du Burkina Faso, le Centre et le Nord-ouest de la bande agricole du Mali, le Sud Mauritanie et le Nord-ouest du Sénégal. Les dates de début de saison seraient plutôt normales à tardives dans les parties Centre-nord du Nigéria, le Sud-ouest du Niger, le Burkina Faso (sauf dans l’extrême Nord), le Sud Mali, le Sud Guinée et dans les parties Nord du Benin, du Togo, du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Néanmoins, elles seraient tardives à normales dans l’extrême Sud du Tchad, le Centre et Nord Guinée, le Nord Sierra Leone, en Guinée Bissau et dans les parties littorales de la Gambie et du Sénégal.
En ce qui concerne les dates de fin de saison globalement tardives à moyennes, elles sont attendues sur toutes les bandes sahélienne et soudanienne de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad. Toutefois des durées de séquences sèches courtes à moyennes sont prévues en début de la saison agricole, sur le Sud Tchad et dans le Sahel Ouest couvrant le Nord Libéria, la Sierra Léone, la Guinée, la Guinée Bissau, la Gambie, le Sénégal, le Sud Mauritanie et la bande agricole du Mali (excepté l’extrême Sud). Ces séquences seraient plus courtes à normales dans le Nord Côte d’Ivoire Le Sud Mali, les Centre et le Sud Burkina Faso et dans les parties extrêmes Nord du Ghana, du Togo et du Benin. Ailleurs, dans le Nord Nigeria, sur la bande agricole du Niger l’extrême Nord du Burkina Faso, l’Ouest Mali et dans les parties Centre nord du Ghana, du Togo et du Benin, elles seraient plutôt longues à normales.
Il faut noter que vers la fin de la saison, des séquences sèches longues à moyennes seront attendues sur toutes les bandes sahélienne et soudanienne de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad, sauf sur la façade atlantique couvrant le Nord Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée Bissau, le Sénégal et la Gambie.
En outre dans la plupart des bassins fluviaux de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, des écoulements globalement équivalents à supérieurs à la moyenne de la période de référence 1991-2020 sont attendus et ils seraient de manière spécifique excédentaires dans le haut bassin du Sénégal (en Guinée, au Mali et au Sénégal), le haut bassin du fleuve Niger (en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Mali), le Delta Intérieur du Niger (au Mali), le Niger moyen (au Niger, au Burkina Faso, au Bénin et au Nigéria), la Komadougou Yobé (au Niger), le Chari et le Logone Inférieur (au Tchad), le haut bassin de la Volta (au Mali, au Burkina Faso, au Bénin, au Togo, au Ghana et en Côte d’Ivoire), le bassin de l’Ouémé (au Bénin) et le haut bassin de la Comoé (au Burkina et en Côte d’Ivoire). Ils seraient moyens à excédentaires dans le bassin de la Gambie (en Gambie et au Sénégal), le bassin inférieur du fleuve Sénégal (au Sénégal et en Mauritanie), la portion malienne du bassin moyen du fleuve Niger, la partie sud du Niger moyen (au Nigéria) et le haut bassin du Logone (au Tchad). Par contre, il est attendu que les écoulements soient moyens à déficitaires dans les bassins de la Bandama et du Sassandra (en Côte d’Ivoire), du Mono (au Togo et au Bénin), de la Bénoué (au Nigéria et au Tchad), du Delta Inférieur du Niger (au Nigéria), de la Comoé Inférieure (en Côte d’Ivoire), de la Volta inférieure (au Ghana), et déficitaires dans le bassin du Cavally (en Côte d’Ivoire).
Les prévisions saisonnières 2025, bien que présageant des caractéristiques globalement favorables, peuvent avoir des implications négatives. En effet, dans les zones où il est attendu des cumuls pluviométriques supérieurs aux moyennes, des dates de début de saison précoces, des écoulements supérieurs aux moyennes à équivalents et des séquences sèches courtes (ou même longues), il n’est pas exclu d’observer des situations d’excès d’humidité pour les cultures, de remplissage rapide des zones dépressionnaires, de ruissellements érosifs et dangereux et de débordement des cours d’eau. Ces situations pourraient rendre plus difficiles les déplacements des personnes et des animaux ainsi que l’accès aux centres d’intérêts vitaux, économiques et sanitaires, notamment dans les zones d’insécurité civile.
Il faut noter qu’une mauvaise répartition des pluies dans le temps et dans l’espace pouvant perturber les calendriers culturaux, le développement des cultures et des plantes fourragères et les mouvements de transhumance est attendue dans les zones avec des dates de début de saison tardives et des séquences sèches longues.
Cette situation pourrait également prolonger la période de soudure, exacerber la vulnérabilité des populations et entrainer l’abandon de champs et le départ des bras valides en exode. Il y a en outre lieu de noter des risques probables liés à la saison des pluies 2025, qui peuvent être nombreux et variés, selon les zones. En effet, le caractère humide de la saison présage des risques importants d’inondations, de submersion des surfaces cultivables, de dégâts sur les cultures et les fourrages, de pertes en vies animales et humaines, de destruction d’infrastructures (notamment, les routes, les réseaux électriques, les marchés, les écoles, les centres de santé, les lieux de cultes, les cimetières et les biens matériels ), de prolifération des germes de maladies hydriques et diarrhéiques, de pullulation de ravageurs des cultures, d’éboulement, d’ensablement des cours d’eau et de pullulation de mauvaises herbes, de pertes poste-récoltes, etc.
Les zones, où les dates de démarrage de la saison agricole seraient tardives et les séquences sèches longues, seraient aussi exposées à des risques de persistance de canicules et de vents chauds pouvant rendre plus difficile la période de soudure, entrainer des pertes de semis, des baisses de rendements agricoles et exacerber l’inflation, la hausse des prix des denrées alimentaires, la baisse des prix des animaux et les situations de crises alimentaires et nutritionnelles.
CCOM MTI – CIGMA




