Kampala, le 15 octobre 2025
• Monsieur le Président,
• Mesdames et Messieurs les Ministres,
• Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, avant tout propos, adresser, au nom de la délégation du Mali et en mon nom, nos vifs remerciements au Gouvernement et au peuple d’Ouganda pour l’accueil si chaleureux et l’attention toute particulière dont ma délégation et moi-même sommes l’objet depuis notre arrivée dans ce beau pays.
Je voudrais ensuite reconnaître et saluer le leadership efficace de la République de l’Ouganda à la tête du Mouvement des non-alignés.
Le Mali réitère son attachement aux principes fondateurs de notre Organisation commune, notamment la souveraineté, l’indépendance véritable, la dignité, la solidarité, le combat des ingérences extérieures, du néocolonialisme et de l’impérialisme. Ces principes et valeurs sont du reste au fondement de la vision panafricaniste de la Confédération des Etats du Sahel incarnée par Leurs Excellences Le Capitaine Ibrahim TRAORE, Président du Faso, Chef de l’Etat, Le Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat du Mali et Président de la Confédération AES, et Le Général d’Armée Abdourahamane TIANI, Président de la République du Niger, Chef de l’Etat.
• Monsieur le Président,
Cette 19e Conférence ministérielle à mi-parcours de notre Mouvement se tient au moment où se posent des questions légitimes sur l’avenir du multilatéralisme, après le constat alarmant d’inefficacité face aux multiples défis de notre temps.
Les defis securitaires demeurent la principale priorite des populations du Sahel. Notre region subit en effet, depuis l’intervention militaire de l’OTAN en 2011, en Libye, les consequences d’une crise imposee par des interets exterieurs. Cette intervention inopportune a d’abord destabilise le peuple libyen frere, avant de contribuer a la proliferation de l’insecurite dans la region du Sahel.
Les consequences de ce drame, pourtant evitable, pour autant que nous ayons ete ecoutes a l’epoque, sont que nous deplorons plusieurs milliers de morts, de blesses, de deplaces internes, de refugies et des degats materiels importants. Nous deplorons egalement le nouveau mode operatoire des groupes armes terroristes, visant a asphyxier l’economie nationale en entravant les chaînes d’approvisionnement.
Il est tout aussi regrettable que ces groupes armés obscurantistes soient instrumentalisés et surtout soutenus par des sponsors étatiques étrangers. C’est l’occasion pour moi de dénoncer, avec force, le terrorisme médiatique, financier et logistique à l’encontre du Sahel, en général et du Mali, en particulier.
Il est d’autant plus regrettable que les soutiens, régionaux et internationaux des groupes terroristes se passent dans une relative indifférence, particulièrement lorsque des pays comme l’Ukraine revendiquent ouvertement leur soutien aux groupes armés terroristes opérant dans la région du Sahel. Ces groupes obscurantistes attaquent les populations innocentes ainsi que les Forces Armées et de Sécurité du Mali avec des équipements, spécifiquement des drones, fournis par l’Ukraine, au moment où ce pays reçoit des financements sans fin de la part de pays occidentaux.
Le Mali, et les autres pays de la Confédération AES, à savoir le Burkina et le Niger, savent que l’Ukraine, voire les groupes armés terroristes, ne représentent qu’un proxy, un cheval de Troie qui masque les véritables instigateurs des crises sécuritaires dans nos pays.
Il est grand temps que cessent les ingérences intempestives dans les affaires intérieures de nos pays et que cessent les agressions contre la Confédération AES, à l’instar de la destruction d’un drone des Forces Armées maliennes, en territoire malien, par le régime algérien, le 1er avril 2025, pour entraver la neutralisation de groupes armés ayant revendique des actes terroristes au Mali.
Conformément à son attachement au droit international, le Mali a saisi la Cour Internationale de Justice. En refusant de donner son consentement à la compétence de la CIJ, le régime algérien non seulement atteste de son déni de la justice internationale, mais également avoue sa culpabilite a la face du monde. Ce manque de transparence constitue une preuve supplémentaire du soutien du régime algérien aux groupes armés terroristes.
Je sais que les Peuples malien et algérien restent très attachés au maintien et au renforcement des relations d’amitié, de coopération et de bon voisinage.
Les États membres de la Confédération des États du Sahel sont à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme. Nous restons déterminés à sécuriser nos pays et nos populations, tout en évitant une propagation de la menace vers d’autres régions africaines et au-delà, effectuant ainsi un véritable travail de sécurité publique régionale et mondiale.
• Monsieur le Président,
Dans sa quête de paix et de stabilité durables, le Mali a adopté la Charte pour la Paix et la Réconciliation nationale, fruit d’un dialogue inclusif entre les Maliennes et les Maliens de toutes les couches socioprofessionnelles et de la diaspora. La Charte s’appuie sur nos valeurs traditionnelles et nos mécanismes endogènes de règlement des différends, afin de se tourner résolument vers un avenir partagé et prometteur.
La Charte pour la paix et la Réconciliation nationale constitue désormais le référentiel pour guider notre nation vers une paix durable, une réconciliation et une cohésion nationales. Elle incarne l’appropriation nationale du processus de paix par le peuple malien, ainsi que sa décision souveraine de prendre son destin en main.
Je voudrais ici me réjouir de la prise en compte des évolutions positives intervenues au Mali dans le Document final de cette 19ème Conférence ministérielle à mi-parcours du NAM. En effet, le Gouvernement de la République du Mali a réalisé un vaste processus transparent et inclusif de réformes politiques et institutionnelles en vue d’une bonne gouvernance, d’une stabilité des institutions, et du rétablissement de la paix et de la concorde.
En ce qui concerne le défi du développement, nous constatons que le monde fait toujours face à un ordre économique inéquitable, qui hypothèque considérablement nos plans de développement pour l’amélioration des conditions de vie de nos populations. Dans ce contexte, le choix de la coopération et de la solidarité doit rester notre leitmotiv. Ensemble, nous devons accentuer la pression en vue de la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies et des institutions financières internationales, afin de réparer l’injustice historique faite à certains continents, notamment l’Afrique et de les adapter aux besoins des pays en développement.
Je réitère l’attachement du Mali à l’avènement d’un monde multipolaire et notre condamnation ferme des mesures coercitives unilatérales et autres formes de sanctions. A cet égard, le Mali réaffirme sa solidarité pleine et entière à Cuba, au Venezuela et à l’Iran.
• Monsieur le Président
Isolement pris, il est difficile à nos peuples de relever les défis auxquels ils sont confrontés. C’est dans ce cadre que les Gouvernements de la Confédération des Etats du Sahel (AES), outre les mesures sécuritaires collectives, s’attellent également à la mise en œuvre d’une stratégie globale et intégrée, qui inclut des mesures politiques, de développement économique et social, de justice et de réconciliation.
A cet égard, les instances confédérales ont pris des initiatives souveraines, notamment en matière de projets structurants, de mobilisations des ressources internes, d’industrialisation, de transformation sur place de leurs produits locaux pour créer de la valeur ajoutée à leurs économies et l’emploi notamment pour nos jeunes.
Dans la même optique, nous avons inscrit au cœur de nos priorités nationales et confédérales, des politiques d’investissement stratégiques dans différents domaines telles que les infrastructures, l’énergie, l’industrialisation, et la diversification de l’économie. Dans cette dynamique, nous avons adopté les réformes nécessaires à un meilleur contrôle de nos ressources naturelles.
En matière d’intégration sous-régionale et régionale, en dépit des sanctions et incompréhensions dont nos pays font l’objet, je rappelle l’attachement sans faille des Chefs d’Etat de la Confédération AES, à promouvoir et renforcer l’esprit panafricain, la solidarité africaine et l’unité entre les peuples africains et les diasporas.
• Monsieur le Président
Le Gouvernement du Mali réitère sa détermination à jouer sa partition dans la réalisation de nos objectifs communs. Dans cette perspective, il reste disposé à coopérer avec l’ensemble des partenaires qui le souhaitent, dans le respect des principes constitutionnels qui guident l’action publique du Mali, à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect de ses choix stratégiques, y compris du choix de ses partenaires et la prise en compte des intérêts des Maliens.
Je renouvelle la gratitude du Peuple malien à tous nos partenaires pour leur accompagnement précieux dans nos efforts de sécurisation et de développement du Mali et de la Confédération AES.
Je termine en réaffirmant l’attachement du Gouvernement du Mali aux nobles idéaux du Mouvement des non-alignés.
Je vous remercie de votre aimable attention.